Comme beaucoup, j’ai connu les pensions et les pensions-travail où l’on a peu de nouvelles. Pire – et trop répandu – les cas où le travail est en fait réduit par rapport à ce qui était annoncé, voire mensonger : le cheval qui reste au pré alors qu’il devrait être travaillé, cheval dont on ne sait pas vraiment ce qui a été fait dessus ou quels ont été les problèmes.
Pas étonnant que je croise régulièrement des propriétaires méfiants, ils ne disent rien mais doutent : est-ce que l’eau est bien vérifiée ? Le foin est il remis en hiver ? Une boiterie passera t-elle inaperçue ? Mon cheval est il vraiment travaillé ?
Je comprends. Et il est bien difficile de travailler et progresser avec un duo où le propriétaire ne fait pas confiance. C’est pourquoi depuis le début, je tiens quotidiennement au courant tous les propriétaires de ce qui est fait avec les chevaux. Notre groupe whatsapp se remplit de message chaque jour – au point où je préviens tout nouveau pensionnaire qu’il risque d’y avoir pas mal de contenu (trop ?).
Mais quand on n’est pas sur place, on voudrait pouvoir voir, percevoir ces réussites ou les problèmes, c’est pourquoi j’essaie très régulièrement de filmer, notamment le travail à pieds. Il est intéressant que le propriétaire puisse voir comment je fonctionne avec leur cheval et les petites étapes qui peuvent être franchies progressivement.
J’insisterais sur le point qu’il est important aussi qu’ils soient au courant des difficultés : cela permet de connaître son cheval et voir où c’est plus compliqué pour lui (parfois il faudra avoir une approche différente pour s’adapter à l’individu). Cela nécessite aussi au propriétaire de gérer correctement sa relation émotionnelle avec son cheval, et ne pas vivre les échecs ou difficultés ponctuelles comme un affront à sa propre personne (on peut trouver le même comportement avec les parents qui refusent toute remarque au sujet de leur enfant) ou une remise en cause complète de soi (s’évaluer, s’adapter oui, mais avoir l’impression que tout s’écroule, non).
Tous ces vidéos, messages et interactions prennent du temps. Un temps rarement consacré par les entraineurs, mais j’estime que c’est le meilleur moyen que le travail fait au ranch puisse se maintenir ou poursuivre après le départ du ranch. Ce petit plus, ça fait partie du travail qui ne se voit pas de l’extérieur.