J’ai laissé passer un peu de temps depuis mon dernier post, très concentré sur le travail des chevaux. Ce sera justement l’occasion de parler de l’interaction stagiaire / travail du cheval.
Depuis quelques semaines, voire mois, les pensionnaires du ranch ont pris l’habitude de croiser une stagiaire de la MFR de Vimoutiers. En bac pro équin, elle est présente pour m’assister dans les divers taches du ranch. Ce type de stage dans le milieu équin est souvent l’occasion d’une bonne exploitation des jeunes stagiaires : boxes à récupérer, retaper, repailler, nourrir, être disponible à la moindre tache ingrate. Parfois de cheval ils n’ont qu’une relation de groom, homme à tout faire au service de l’hébergement du cheval façon hôtellerie humaine.
Le cadre est un peu différent au ranch. D’abord car je conçois toujours le stage comme un apprentissage pratique (le hand’s on des anglo-saxons) pour leur vie professionnelle future – Or qu’apprennent de futurs cavaliers-dresseurs s’ils ne s’occupent pas du travail du cheval ? – et que je n’ai pas besoin de stagiaire pour faire tourner le ranch. Tout est pensé ici pour être capable de gérer à une personne. Avoir une paire de bras supplémentaire, ce n’est donc pas pour l’accabler de corvées, mais bien pour profiter de ce temps supplémentaire pour s’enrichir.
Les stagiaires chez moi – tout au moins ceux qui se destinent à l’entrainement-dressage – monte donc tous les jours. 1 à 2 chevaux par jour, 3 de façon exceptionnelle. Des chevaux de tout niveau, qui ont besoin de travailler et dont le stagiaire participera à l’éducation / dressage selon ses capacités. Les stagiaires venant quasi à 100% du monde classique, c’est aussi un apprentissage pour eux : rênes souples et détendues, rênes ouvertes, utilisation des jambes façon western (plutôt que juste incurver), forte accentuation des méthodes confort / inconfort, etc… Au fur et à mesure, le stagiaire passe de chevaux acceptant tout débutant, à des montures dressés reining aux boutons plus sensibles ou des chevaux de ranch prêts à faire un rollback.
Ainsi notre stagiaire préférée (forcement vu qu’elle est l’unique stagiaire 🙂 ) a commencé par Esmeralda, puis monte maintenant Diabolic jument un peu verte au travail et apprenant à se placer (façon western), ainsi que Dark, hongre de reining / rando, aux boutons très précis et réactif. Hier soir, elle attaquait la longe avec Eléa, petit camargue très peureuse dont l’entrainement ressemble à une phase de débourrage.
Mais dans un ranch, on a aussi du travail spécifique de ranch… Alors nos stagiaires apprennent le déplacement du bétail, un peu de tri, jouer du lasso, s’entrainer au cutting sur la machine dédiée et même pratiquer le mountain trail puisque c’est ici un outil pour construire le cheval de ranch.
On est donc bien loin des stages “corvées” où on ne côtoie le cheval qu’au box. Ici la logistique est simplifiée et anticipée, alors les horaires sont souples, remaniables en fonction des besoins de travail des chevaux voire des fortes chaleurs de la journée mais aussi adaptés à un stagiaire. Le but n’est pas de remplacer un salarié, d’en baver et faire des heures à rallonge. Le but est de se former, découvrir, comprendre, acquérir des compétences et peut-être aussi se dire qu’il y a une autre vie pour le cheval que le tout box et sauter des barres dans un bac à sable :-).
Mais en western, il manquerait quelque chose si on en restait uniquement au cheval. L’humain est important. Pour de jeunes stagiaires souvent loin de la maison et leurs proches, je les intègre toute la semaine en sein de ma petite famille. Logé sur place, repas ensembles, c’est l’occasion de revenir sur la journée mais aussi partager d’autres sujets de conversation avec ma fille et ma femme… Quand ce ne sont pas de gros câlins avec mon gros Landseer. Parce qu’au final mon ranch, que ce soit pour les clients, les stagiaires ou moi-même c’est avant tout un lieu convivial autour des chevaux et du bétail.