En mai le temps reste pluvieux, l’herbe pousse et les mauvaises plantes s’en donnent à coeur-joie. Il faudrait que je ressorte le roto-fil, dégager les limites de pré, mais la Nature est rapide. Alors c’est aussi la course au gyro-broyeur, lorsque je ne suis pas à cheval.
Ce samedi, je recevais un autre type de visiteurs. Le comité des fêtes de Canapville organise régulièrement des randonnées pédestres pour découvrir la commune. Les itinéraires peuvent facilement passer derrière le ranch avec son long chemin de la forêt jusqu’à Vimoutiers. Cette fois, ce fut l’occasion de faire une halte sous un soleil presque estival.
Pour accueillir les nouveaux visiteurs, les produits locaux étaient de sortie : cidre du pays d’Auge, jus de poire et de pomme, gâteaux-maison… Mais comme toujours, on y a mis un côté western avec mes fameux cowboy cookies du wyoming – qui ont eu bien du succès – mais aussi une démonstration d’équitation.
Pour l’occasion, j’avais déplacé les bovins sur la parcelle attenante à la carrière. Quelques explications sur l’équitation western et spécialement le relâcher des rênes à 2 et 1 main, puis je fais rentrer les cornus dans l’arène. Dans le bac à sable, je montre toujours un peu de conduite du troupeau et du boxing. Le boxing n’est pas évident à comprendre pour un public néophyte. Il s’agit de limiter les déplacements d’une vache dans l’équivalent d’une boite. L’intérêt est d’arriver à contrôler les mouvements de fuite.
Cela oblige le cheval à déplacement rapidement ses épaules et d’être dynamique pour couper les trajectoires de sortie. Ma monture du jour étant un peu trop agressive sur le bétail, l’exercice était de conserver sa distance et d’abandonner la vache en restant à mon écoute. Profitant toujours d’un moment à cheval pour travailler mon partenaire, ce n’est pas toujours facile pour les spectateurs pour comprendre ce qu’il se passe. Alors pour simplifier la démonstration, j’ai ensuite ajouté du galop dans le boxing. Et là, la jument a été impeccable, accélérant pour poursuivre et couper sans monter en agressivité.
Elle progresse et hier nous aurions pu faire du fencing (poursuivre au galop le long de la palissade puis couper la route en tournant juste devant la vache, le nez directement dans la barrière) mais il faut savoir ne pas trop demander lors d’une même séance. Ce sera pour une prochaine fois.
La suite fut celle d’un cheval d’éducation western. Après des forts galops, retour au calme en sortant les boeufs de la carrière, puis petite balade en main avec un enfant de 4 ans et demi sur le dos. La technique c’est bien, mais le mental encore plus important. On peut monter dans les tours et revenir au calme complet dans la foulée.
Je pense que les randonneurs auront pu avoir un aperçu de notre équitation. Repartir en se disant qu’il n’y a pas besoin d’être rênes tendues avec un cheval, que le cheval sait ce qu’il a à faire; Dans un département où il y a la plus forte concentration d’élevage en France (trotteur / galopeurs), les questions finales n’étaient pas anodines. Plusieurs sont venus me voir avec exactement la même : “Combien de temps il faut pour dresser un cheval comme ça ?”.
Vaste question. Nous sélectionnons génétiquement pour avoir ce caractère et ces capacités, chaque interaction avec le cheval depuis sa naissance est pour obtenir ce résultat ; chaque fois que l’on monte, on sait qu’en réalité on dresse par la cohérence des demandes. Donc je pourrais dire 1 an comme une vie, le travail ne s’arrête jamais vraiment.