De manière générale le temps humain est toujours en décalage avec le temps équin. Nous allons trop vite par rapport au cheval, dans son éducation, dans son entrainement. Poussés par nos attentes, nos objectifs et souvent le besoin de résultats nous aimerions lui imposer notre rythme; celui d’une activité humaine toujours plus frénétique.
Un professeur me disait : l’allure du cheval c’est le pas. 7 km/h. Tu peux essayer de lui faire apprendre vite des choses, le préparer vite, tu arriveras à un plateau, stagnera et reviendra à la vitesse du cheval.
Pourtant on essaie toujours d’être rapide : on débourre vite, on entraine jeune et vite, on démarre vite une séance… Nous sommes pressés parce que toujours dans ce contexte humain avec des objectifs. Et lorsqu’on pense mettre de côté nos attentes pour laisser le temps au cheval, bien souvent on conserve un rythme trop élevé, question d’habitude : notre vie va à 100 à l’heure.
Bien sûr il y a des raisons derrière : le professionnel débourre vite et tôt, parce que l’entretien du cheval coûte de l’argent et qu’il faut le valoriser tôt pour rentabiliser. Le particulier veut un débourrage rapide parce que chaque mois représente un budget. Le sportif veut entrainer vite car la saison de concours approche. Même le cavalier de loisir veut dresser trop rapidement car il est avide de voir des résultats, des changements chez son cheval. Cette course après le temps – même inconsciente – se perçoit même dans les séances : détente et échauffement bâclés, cheval poussés sur des allures trop rapidement, trot assis sur un dos non chauffé et détendu…
Tout se paie plus tard : cheval pas posé, blocage de certains apprentissages, usure physique ou morale, ou très courant, apprentissages non ancrés.
Celui qui veut aller loin ménage sa monture. C’est aussi vrai dans notre rapport temporel avec le cheval. Il faut lui permettre d’acquérir et travailler à sa vitesse. Pas seulement faire attention à son âge (et arrêter de débourrer à 2 ans) ce qui est déjà bien – mais prendre en considération son rythme à lui que ce soit à l’apprentissage ou à l’entrainement.
Cela passe par une détente adaptée et progressive, et l’écoute de sa progression – pas l’impérieuse mélodie des objectifs que l’humain s’est fixé à l’avance. L’allure naturelle principale du cheval, c’est le pas. Pas le galop ou le trot. 7 km/h. C’est son rythme de vie.